L’importance et les bénéfices de l’intégration régionale font depuis longtemps l’unanimité parmi les leaders africains. La question est de savoir à quel point cette concordance est devenue réalité ?
Le score de l’Afrique montre que des améliorations sont encore largement possibles pour chacune des cinq dimensions de l’intégration régionale. À la lumière des récents développements sur le continent, des changements sont en vue.
La ZLECAf, qui est entrée en vigueur en mai 2019 et a été lancée en juillet de la même année, deviendra sans doute la plus grande zone de libre-échange au monde, avec un marché de plus de 1,2 milliard de personnes. Au cours des cinq prochaines années, 90 % des tarifs imposés sur les produits seront supprimés. Au fur et à mesure que les pays et les régions tireront parti d’un marché élargi, la zone ombrée du graphique ci-dessous devrait s’étendre davantage. On s’attend à une augmentation de la production des biens et services destinés à l’exportation ainsi que des investissements dans l’infrastructure régionale. Les pays apporteront aussi des améliorations dans les autres aspects de l’intégration régionale (production, politiques macroéconomiques et libre circulation des personnes).
l’IIRA utilise 16 indicateurs regroupés en cinq dimensions pour mesurer le degré d’intégration de chaque pays et de chaque région d’Afrique parmi ses voisins.
Sur le graphique, plus une dimension est tirée vers l’extérieur, plus le continent est intégré en ce qui concerne cette dimension. Les scores sont calculés sur une échelle de 0 (absence totale d’intégration) à 1 (parfaite intégration).
Les pays à performance faible, moyenne et élevée sont classés sur la base d’un intervalle de confiance de 95 % à partir de la moyenne. Dans des conditions linéaires, un score inférieur à 0,333 est classé faible, un score se situant entre 0,334 et 0,667 est considéré comme moyen, et un score supérieur à 0,668 est jugé élevé.
Dans ce graphique, le « score parmi l’Afrique » représente le score d’un pays par rapport à tous les autres pays africains, pas seulement les membres de la ou des communautés économiques régionales auxquelles appartient le pays en question.
Interprétation des classements
Du fait du caractère multidimensionnel de l’IIRA, le score global de certains pays s’avère plus élevé ou plus faible que prévu. C’est le cas des Comores, de Djibouti et de la Somalie dont le classement général est satisfaisant en raison de leurs excellentes positions en matière de libre circulation des personnes. Or le classement général du Nigéria en matière d’intégration régionale est peu reluisant bien qu’il occupe la brillante position de deuxième pays africain le plus intégré en matière d’intégration productive. En fait, bien que le Nigéria apporte une importante contribution au produit intérieur brut du continent, il a signé l’accord sur la ZLECA, mais ne l’a pas encore ratifié, et seule une part infime de ses importations provient de la région.
Performance globale
Le continent africain est globalement peu intégré, son score moyen étant de 0,327. Avec un score élevé ne dépassant pas 0,625, l’Afrique dispose visiblement d’une grande marge de manœuvre pour stimuler l’intégration et profiter de ses avantages. Les écarts dans la performance des pays sont substantiels, notamment en ce qui concerne l’intégration productive et les infrastructures. Leurs performances sont meilleures en matière de libre circulation des personnes et d’intégration macroéconomique.
Les meilleures performances
L’Afrique du Sud est le pays du continent le plus intégré à l’échelle régionale. La meilleure performance globale du continent est également la meilleure performance en matière d’intégration infrastructurelle et productive (pour l’intégration productive, l’Afrique du Sud obtient la note maximale). Le pays se classe parmi les quatre meilleurs en matière d’intégration commerciale et parmi les pays moyens en termes d’intégration macroéconomique. Son talon d’Achille réside dans la libre circulation des personnes, dimension pour laquelle sa performance est faible.
Le Kenya, deuxième pays le plus intégré du continent, affiche une performance remarquable en matière d’intégration productive et infrastructurelle, et en libre circulation des personnes. Il fait partie des meilleures performances en ce qui concerne l’intégration commerciale d’autant plus qu’il a ratifié la ZLECAf. Sa performance dans le domaine de l’intégration macroéconomique est faible.
L’intégration macroéconomique est, en revanche, un point fort du Rwanda, qui occupe le quatrième rang dans ce domaine. Le Rwanda se targue également d’une très belle performance en libre circulation des personnes : le pays a ratifié la ZLECAf sans délai et libéralisé la mobilité des travailleurs en signant le Protocole (de Kigali) sur la libre circulation des personnes. Bien que le Rwanda soit classé troisième pour l’intégration régionale globale, sa performance en matière d’intégration productive n’est pas brillante.
Le Maroc et Maurice occupent les premier et deuxième rangs du classement en matière d’intégration macroéconomique. Les deux pays sont également dotés de bonnes infrastructures régionales : le Maroc est classé quatrième et Maurice, sixième au niveau continental.
Les pires performances
Le pays le moins intégré d’Afrique est le Soudan du Sud, qui est faible en matière d’intégration macroéconomique et infrastructurelle, dimensions pour lesquelles il est dernier au classement. Il est précédé de l’Érythrée, qui figure parmi les six derniers en ce qui concerne la libre circulation des personnes, l’intégration macroéconomique et commerciale et l’intégration des infrastructures. La mauvaise performance du Burundi et de la Sierra Leone tient essentiellement au manque d’engagement de ces pays à favoriser la libre circulation des personnes. La performance du Soudan en matière d’intégration macroéconomique et intégration des infrastructures laisse vraiment à désirer.